Le décor est planté. Une table, une bouteille, une lumière basse : le tout dans une sorte de bastringue, à l’embouchure du Rio de la Plata où baigne 𝐥𝐞 𝐩𝐨𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐁𝐮𝐞𝐧𝐨𝐬 𝐀𝐢𝐫𝐞𝐬, et où le tango est né à la fin du XIXe siècle. Ce sont les débuts sauvages de cette musique belle, sensuelle et déchirante qui sont ici évoqués par des musiciens de très haut vols et aux talents hypersensibles. 

On y entend le souffle primordial du bandonéon d’𝐎𝐥𝐢𝐯𝐢𝐞𝐫 𝐌𝐚𝐧𝐨𝐮𝐫𝐲, invité du trio qu’il accompagne. Pour mener ce bal aux accents anthropologiques, le chant habité du tanguero 𝐖𝐚𝐥𝐭𝐞𝐫 “𝐄𝐥 𝐂𝐡𝐢𝐧𝐨“ 𝐋𝐚𝐛𝐨𝐫𝐝𝐞 et les éclats clairs obscurs de l’harmoniciste 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐨 𝐋𝐮𝐜𝐢𝐚𝐧𝐢 suivent l’architecture aérienne que dessine le guitariste 𝐑𝐚𝐮𝐥 𝐊𝐢𝐨𝐤𝐨.

 Les pulsations de ce cœur portuaire sont intérieures, elles naissent des prémices de l’𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐚𝐧𝐠𝐨 mais résonnent dans un ciel ouvert en un temps suspendu.